Tchernobyl

01:23:44 – 51°23’21.16 N – 30°5’57.63 E.

Ces paramètres géographiques correspondent à l’emplacement de la centrale nucléaire Lénine, située à environ 15 km de Tchernobyl. Le 26 avril 1986 à 01:23:44 un accident nucléaire particulièrement grave survient. Le réacteur n°4 est endommagé. L’Histoire nous apprendra plus tard que le coeur du réacteur a fusionné. Mille pilotes d’hélicoptère participent à l’étouffement du coeur du réacteur en larguant des milliers de tonnes de sable, d’argile, de plomb sur le trou béant provoqué par l’explosion.
Six cents milles soldats de l’armée soviétique sont réquisitionnés pour couler une chape de béton afin de sceller le coeur du réacteur éventré. Ces hommes portent un nom : les liquidateurs. Si le coeur du réacteur n’est pas refermé avant le 8 mai, une réaction en chaîne provoquera une explosion encore plus importante, rayant de la carte la moitié de l’Europe. Le réacteur nucléaire est décrit comme un organisme vivant. Cette sculpture-objet sert à faire revivre, de façon symbolique l’événement survenu à Tchernobyl, par le biais d’une performance faisant appel au mécanisme de la mémoire individuelle et collective.

Ce projet tente d’analyser d’une manière symbolique l’événement historique, en faisant appel a un système d’images. Habituellement, ces images sont associées à un vocabulaire qui renvoie au fonctionnement et à la construction du réacteur. Celui-ci est décrit comme un organisme vivant. On parle du coeur du réacteur, de sa dilatation. Les matériaux utilisés sont le plomb, le béton, l’acier et l’eau. Le plomb a comme qualité d’arrêter le rayonnement radioactif qui est invisible à l’oeil humain. Paradoxalement il est aussi toxique pour l’homme. Le plomb a également comme propriété d’être l’un des métaux les plus lourds. Par sa densité, il renvoie à la force de gravité et à l’attraction terrestre. La performance tente de réactiver la mémoire collective autour d’un événement qui tombe dans l’oubli. Ici, la mémoire collective est à envisager au sens historique du terme, c’est à dire en tant que mémoire de la collectivité des hommes, de l’ensemble des individus. Cette mémoire dont chaque homme est à la fois garant et gardien. Le projet tente de s’interroger sur notre rapport à la mémoire collective, à l’amnésie et au refoulement des faits historiques. Mémoire et oubli de l’Histoire sont donc intimement liés. Quel souvenir garde-t-on d’un événement journalistique et comment celui-ci se retranscrit-il dans la mémoire collective ?