Préface
Installation/performance présentée en 2009 dans l’espace d’exposition du Théâtre Le Maillon, Strasbourg dans le cadre du festival « Première »
L’exécution de Nicolas Ceausescu et de sa femme donna un goût amer au
Noël de 1989, faisant ressortir à la surface des souvenirs jusque-là
enfouis. En décembre 1989, le Mur de Berlin s’effondre entraînant dans
sa chute le démantèlement des régimes communistes. Cet événement
historique est suivi par des millions de téléspectateurs. La révolution
roumaine est diffusée sur les chaînes de télévision du monde entier.
Symbole marquant de ces événements, le procès expéditif suivi de
l’exécution du dictateur Nicolae Ceausescu et de sa femme restent des
images gravées dans la mémoire collective. C’est le premier et dernier
procès d’un dictateur du Bloc de l’Est. Dans cette transcription, la
question du jugement est essentielle. L’exécution sommaire d’un
dictateur, après un jugement tout aussi sommaire, ne pose-t-elle pas le
problème de l’équité d’un tel geste ?
À cette question, Transit répond sous forme de performance et
d’installation en révélant l’histoire collective à travers les yeux
d’une enfant, mais également en recréant le fait historique qui est à
l’origine de ce questionnement : le procès.
En janvier 2007, la Roumanie intègre l’Union Européenne, se pose alors
la question pour ce pays en quête de nouvelle identité de conjuguer ses
espoirs européens avec son passé récent.
La matière textuelle de ce travail fait l’objet d’une performance qui se
déroule dans le cadre de deux installations, qui peuvent toutefois
fonctionner de manière autonome. Ces espaces sont disposés face à face
et le public est au milieu. La performeuse, tel un passeur, guide les
pas des spectateurs, les faisant passer d’un espace à l’autre. La
disposition spatiale de ces deux installations permet de mettre en
tension le passage de la petite histoire (le témoignage personnel), à la
grande Histoire (l’Histoire officielle). Ce dispositif peut être
complété par des installation en chaînes « Carrousel du pionnier », le «
Kiosque souvenir », le « Stand de tir », etc.
« L’oubli, stratégie politique. Il permet d’asseoir le nouveau
pouvoir en place sur l’abandon de la mémoire et la perspective d’un
démarrage libre de souvenirs diviseurs. Lors de la R estauration,
après la chute de Napoléon, Louis XVIII fonde son programme sur la
devise « Union et Oubli ». Le présent doit enterrer le passé. C’est ce
que l’on envisage depuis la Chute du Mur dans les anciens pays de l’Est.
Que ce vœu échoue.»
Georges Banu, L’Oubli -Editions Les Solitaires Intempestifs – 2002